Universités : entrée libre ou sélective en Europe ?

midi-pyrenees : Tirage au sort

La France, avec le projet de loi « orientation et réussite des étudiants », ne fera bientôt plus partie de l’exception européenne en maintenant grand ouvert l’accès à ses universités. Il est intéressant de regarder ailleurs en Europe quelle sélection est assumée pour entrer dans les campus de nos grands voisins, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne ou en Italie.

Depuis le 27 janvier 2018, certains syndicats d’enseignants, d’étudiants, de lycéens, appellent à manifester contre le projet de réforme des modalités d’entrée dans l’enseignement supérieur et expriment leur refus de la sélection. Mais, dans le même temps, Parcoursup, la plateforme d’accès à l’enseignement supérieur, se met en place dans les lycées. Les conseillers d’orientation expliquent le fonctionnement de cet outil d’aide à l’orientation et d’information sur les filières de l’enseignement supérieur. La « Fiche avenir » sera la pièce maîtresse du dossier de candidature prise en compte par les universités. Elle détaille le projet d’orientation, les notes obtenues, les appréciations des enseignants, l’avis du chef d’établissement.

Ailleurs en Europe quels sont les critères d’entrée à l’Université?

En Allemagne, la sélection n’est pas un sujet de débat, les Universités des Länder sont libres d’instaurer une sélection en première année. Le critère est simple et basé sur la moyenne générale obtenue à « l’Abitur », l’équivalent du bac. Les candidats sont acceptés en fonction de leur note jusqu’à épuisement des places. La note du dernier candidat entré est rendue publique. Dans le système éducatif allemand, 55% des jeunes d’une classe d’âge obtiennent « l’Abitur », comme c’était le cas en France dans les années 1970, alors qu’actuellement c’est 80%. Pour les autres jeunes allemands l’orientation  vers des filières professionnelles se fait dès l’âge de 12 ans.

En Grande-Bretagne, les universités sont libres de sélectionner les étudiants selon leurs propres critères, par exemple : dossier scolaire, recommandation de professeurs, lettre de motivation, activités extra-scolaires, mais aussi parfois entretiens ou examens. En échange de cette liberté les Universités doivent faire preuve de transparence, notamment par une centralisation des candidatures sur la plateforme « Universities and Colleges Admissions Service » (UCAS).

En Espagne, la sélection est la règle pour accéder à l’Université. Selon les places disponibles les candidats sont acceptés en fonction d’une note globale sur 10. Cette note tient compte pour 60% des résultats au bac et pour 40% des épreuves spécifiques d’accès aux Universités. Un minimum de 5/10 est requis.

En Italie, l’Université publique est libre pour beaucoup de filières avec l’obtention de l’équivalent du bac, la « maturità ». Cependant, depuis 2010, les Universités expérimentent des tests d’orientation et de compétences. Les étudiants n’ayant pas les prérequis nécessaires pour un cursus seront libres d’y rentrer mais doivent auparavant effectuer une mise à niveau. Pour les cursus de médecine, d’ingénierie, d’architecture et d’arts, le nombre maximum d’étudiants admis est régulé par des examens d’entrée.

La France est donc bien en train de s’aligner sur ses grands voisins européens. La sélection pour l’entrée à l’Université se fera donc « avant » et non plus « après » par l’échec, puisque 60% des étudiants n’obtiennent pas leur licence, même en 4 ans. Il reste encore à connaître comment les universités vont s’organiser pour classer les milliers de dossiers qu’elles vont recevoir. Un processus de tri automatique sera nécessaire à partir du dossier de candidature. Cette sélection sera forcément plus juste que le tirage au sort des années 2016 et 2017.



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