L'Alternance pour lutter contre le chĂ´mage

midi-pyrenees : L'Alternance pour lutter contre le chĂ´mage

Apprentissage, contrats de  professionnalisation, ces formules d’enseignement par alternance associent efficacement formation académique et découverte expérimentale de l’entreprise. Ce type d’enseignement apporte la preuve qu’il peut réduire le chômage des jeunes. En effet le taux de chômage des élèves issus d’un CAP est 2 fois inférieur à celui des jeunes diplômés issus des filières générales, soit 11% contre 26%. Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications(Cereq), indique d’autre part que ces jeunes occupent des emplois moins précaires, avec plus de CDI, et mieux rémunérés.

Les pouvoirs publics et les entreprises ont bien saisi toute l’efficacité de la formation en alternance en termes d’emplois qualifiés. Le Président de la République, lors des Assises de l’Apprentissage qui se sont tenues à Paris le 19 septembre 2014, a fixé pour objectif d’atteindre 500 000 alternants par an en 2017. Un plan de relance de cet enseignement a été élaboré par le Ministère de l’Education Nationale avec pour objectif aux rectorats de passer de 40 000 à 60 000 apprentis dans l’enseignement  public.

Une baisse alarmante des entrées en apprentissage

Selon l’étude de Prism’emploi d’octobre 2014,  les jeunes sont conscients que l’apprentissage donne de meilleures chances de trouver un travail, Mais cela ne se répercute pas sur le terrain. En effet les entrées en apprentissage diminuent constamment depuis 2008 : moins  8% en 2013 et moins 12%  au premier semestre 2014. Les chiffres de l’année 2014 ne sont pas encore connus. La France comptait 421 000 alternants  en 2013 selon le ministère du travail, soit 3 fois moins qu’en Allemagne.

Solutions possibles ou mission impossible

Pour atteindre l’objectif de 500 000 alternants, des réformes doivent être réalisées pour lever les obstacles si l’on veut enfin donner une chance à ce dispositif essentiel pour réduire le chômage des jeunes.

►Combler le fossé culturel entre Education Nationale et Entreprises.

Il faut prendre conscience qu’une partie de la société française et le monde de l’éducation entretiennent des rapports de méfiance avec les entreprises. Pour bien des parents et des professeurs du secondaire, l’enseignement ne doit pas apprendre un métier mais ouvrir les esprits  et former des citoyens cultivés. L’enseignement technique est encore trop souvent le « parent pauvre » de l’Education Nationale et le secteur privé comble en partie l’offre éducative.

►Inciter fortement à l’embauche d’apprentis.

Le contrat d’apprentissage n’est pas seulement  un mode pédagogique, c’est aussi un contrat de travail. Il est donc logique qu’en période de crise économique ou de stagnation, les entreprises aient pour priorité de pérenniser les emplois. L’embauche d’un apprenti est souvent considérée par l’entreprise comme une pré-embauche. Une forte incitation financière est donc nécessaire. Mais les lois de finance de 2012 et 2013 ont donné un signal très négatif aux entreprises par la baisse des compensations financières comme par exemple le crédit d’impôt. Malgré le rectificatif à la loi de finance de 2013, l’Assemblée permanente des métiers de l’artisanat (APCMA) estime que l’entreprise perçoit 2 fois moins qu’auparavant, soit au mieux 2000 euros pour l’embauche d’un apprenti. De plus, la réforme de la taxe d’apprentissage, en 2014, est considérée par les entreprises comme une perte à financer librement leurs formations, au profit des Régions. Enfin les Emplois d’avenir viennent encore compliquer cette problématique.

►Réformer la gouvernance de l’apprentissage.

Pour tenir compte de façon plus étroite des besoins des entreprises, il faudrait modifier la gouvernance de l’apprentissage pour que les branches professionnelles  reprennent la main sur le contenu des formations. C’est le cas en Allemagne. Souvent trop académiques et en décalage avec les réalités des évolutions économiques le contenu des formations est critiqué à la fois par les étudiants et par les entreprises. Les manifestations actuelles contre la diminution des travaux pratiques en cuisine, dans les Lycées hôteliers, illustrent bien ces incompréhensions.

â–şBooster la fonction publique.

En 2013, le secteur public n’a  accueilli que 10 400 apprentis, soit 2,5% du total. Les métiers proposés par la fonction publiques et notamment par les collectivités locales, peuvent servir de terrain d’apprentissage par exemple dans les services techniques, l’environnement, l’urbanisme, l’accompagnement des enfants ou des personnes âgées. L’organisme de formation des agents de la fonction publique territoriale a dénombré 234 métiers dont la plupart peuvent se prêter à un enseignement bac pro ou CAP en apprentissage. Mais pour développer ce type de recrutement dans la fonction publique, il est nécessaire de revoir le financement de l’apprentissage dans ce secteur qui ne bénéficie pas d’une taxe spéciale d’apprentissage pour financer le coût du  salaire + le coût   formation d’un apprenti. C’est également l’aspect pervers des contrats d’avenir qui sont une concurrence « déloyale » aux contrats d’apprentissage et à l’emploi qualifié.

►Soutenir les apprentis, les bonnes pratiques de l’Alsace.

Les ruptures de contrat d’apprentissage, le plus souvent à l’initiative de l’apprenti, atteignent le taux de 34 % au niveau du CAP, catégorie la plus importante de cette formation. Le passage de la vie scolaire à la vie en entreprise est un grand changement qui doit être préparé par l’information sur les métiers. Le diplôme doit être l’aboutissement d’un projet qui nécessite un engagement sincère si ce n’est de la passion. D’autre part les sources de désaccord entre apprentis et entreprises sont multiples, souvent par le non-respect du code du travail ou des codes de vie en entreprise. Le rôle du maître ou des inspecteurs d’apprentissage est alors primordial. En Alsace, le droit local fait dépendre les inspecteurs d’apprentissage des chambres consulaires et non du rectorat. Ils ont une réelle compréhension de l’artisanat et des langages de l’entreprises, et étant assermentés, ils sont écoutés par les élèves, les familles et les entreprises. Le résultat  est un taux de rupture de contrat inférieur au niveau national.          Deux autres obstacles, logement et mobilité, sont à prendre en compte pour les élèves des milieux ruraux ou de petites agglomérations de province.

L’apprentissage, ADN de certaines entreprises

Les artisans, l’hôtellerie, la restauration son traditionnellement les principaux maîtres d’apprentissage. Mais désormais de  grands groupes industriels et de services ont un regard qui a évolué sur les qualités de la formation en alternance, du CAP au Bac+5, citons par exemple :
- Michelin où l’apprentissage fait partie de l’ADN de l’entreprise, 450 alternants en 2015 et 700 en contrat de professionnalisation.
- Orange, où il y a en permanence  6 000 alternants dont 1000 seront convertis en CDI en 2015.
- BNP où 1850 alternants, répartis pour moitié entre les Bac+2/3 et les bac +4/5, dont 50% des seront, au terme de leur contrat, embauchés en CDI.

 



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